Un dépotoir à la place d’un écosystème : le choix incompréhensible du gouvernement
- Jean-Philippe Auclair
- 25 avr.
- 3 min de lecture

En pleine urgence climatique, le gouvernement autorise la destruction d’un écosystème vieux de plusieurs milliers d’années pour y enfouir des déchets industriels. La population s’indigne, les experts dénoncent… et les enfants prennent la parole.
Un choix qui défie la logique environnementale
En mars 2025, malgré les avertissements clairs de la communauté scientifique et le rejet de la population locale, le gouvernement Legault a approuvé l’agrandissement du site d’enfouissement industriel de Stablex, situé au cœur de la Grande Tourbière de Blainville. Ce projet entraînera la destruction de plus de 278 000 m² de milieux naturels, dont 97 237 m² de tourbières, un des écosystèmes les plus efficaces pour la séquestration du carbone.
Il faut dire les choses comme elles sont : nous remplaçons un puits de carbone par un site d’enfouissement de déchets dangereux. Une décision qui va non seulement à l’encontre du bon sens, mais aussi des engagements climatiques du Québec.
Un refuge pour la biodiversité… jusqu’à ce qu’on l’exproprie
Le terrain visé est bien plus qu’un simple « site industriel » comme le laisse entendre le discours officiel. C’est un habitat vital pour plusieurs espèces menacées, comme la tortue peinte protégée par la Loi sur les espèces en péril, ainsi que près de 200 espèces d’oiseaux dont la paruline à croupion jaune.
Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a pourtant recommandé de ne pas autoriser le projet. Malgré cela, le gouvernement a imposé le projet de loi 93 sous bâillon, court-circuitant le débat démocratique et expropriant même la Ville de Blainville, qui tentait de protéger ce territoire.
Le prix caché : le carbone relâché dans l’atmosphère
Selon des experts de l’UQAM, détruire cette surface de tourbière pourrait relâcher jusqu’à 11 990 tonnes de CO₂ équivalent dans l’atmosphère. Cela correspond aux émissions de 300 voitures parcourant 200 000 km chacune.
Tout cela, alors que le Plan pour une économie verte 2030 du Québec prône exactement l’inverse : protéger les milieux naturels pour lutter contre la crise climatique.
Alors, pourquoi agir à contresens ? Qui a intérêt à ce que ce site d’enfouissement voie le jour à cet endroit précis, plutôt que sur le terrain déjà remblayé que Stablex possédait auparavant ? Le silence autour de l’étude de caractérisation, toujours non publiée, n’aide en rien à apaiser les inquiétudes.
Quand les enfants doivent parler à la place des adultes
Ce n’est pas seulement la science ou les élus municipaux qui s’élèvent. Ce sont aussi nos enfants.
Flavie Auclair, 10 ans, accompagnée de Karolyne Mendes, a lancé une initiative bouleversante : une vidéo dans laquelle des enfants s’expriment pour protéger la Grande Tourbière.
Ce que nous détruisons est irremplaçable
Ce projet ne doit pas devenir un précédent. La tourbière de Blainville a mis des milliers d’années à se former. Elle agit comme un filtre naturel, un réservoir de biodiversité, un puits de carbone. Ce n’est pas un caprice local, c’est un symbole des combats environnementaux du Québec.
Signer une loi sous bâillon ne rend pas une décision juste. La faire passer en force ne lui donne pas de légitimité.
Ne laissons pas cette décision sombrer dans l’oubli
Même si la Cour d’appel a donné son feu vert au projet, nous refusons de normaliser l’irrationnel. Ce qui vient d’être permis à Blainville ne doit pas devenir un précédent acceptable. Détruire un écosystème aussi précieux pour y enterrer nos déchets industriels n’est pas seulement un échec environnemental — c’est une trahison de nos engagements collectifs envers le climat, la biodiversité et les générations futures.
